Lettre à un otage by Antoine de Saint-Exupéry

Une œuvre d'Antoine de Saint-Exupéry

Lettre à un otage

Lettre à un otage est une œuvre de l'écrivain Antoine de Saint-Exupéry.

Saint-Exupéry a écrit initialement ce texte pour la préface d’un roman de son meilleur ami, Léon Werth : Trente-trois jours. Ce dernier est alors réfugié dans le Jura durant l’automne 1940 du fait de ses origines juives. Son livre ne paraîtra cependant pas et l’écrivain a remanié alors considérablement sa préface en supprimant toute référence directe à son ami, qui devient alors anonyme dans le texte, et symbolise ainsi le Français otage de l’occupant. Cette version a été publiée en juin 1943 de manière autonome. L’œuvre est composée de six courts chapitres, reprenant les éléments récents de la vie de l’écrivain (voyage au Portugal, évocation du Sahara, séjour aux États-Unis…), y mêlant des références à son amitié pour le dédicataire et son attachement à son pays.

Genre: FICTION / Classics

Language: French

Keywords:

Word Count: 6115

Sample text:

Quand en décembre 1940 j’ai traversé le Portugal pour me rendre aux États-Unis, Lisbonne m’est apparue comme une sorte de paradis clair et triste. On y parlait alors beaucoup d’une invasion imminente, et le Portugal se cramponnait à l’illusion de son bonheur. Lisbonne, qui avait bâti la plus ravissante exposition qui fût au monde, souriait d’un sourire un peu pâle, comme celui de ces mères qui n’ont point de nouvelles d’un fils en guerre et s’efforcent de le sauver par leur confiance : « Mon fils est vivant puisque je souris… » « Regardez, disait ainsi Lisbonne, combien je suis heureuse et paisible et bien éclairée… » Le continent entier pesait contre le Portugal à la façon d’une montagne sauvage, lourde de ses tribus de proie ; Lisbonne en fête défiait l’Europe : « Peut-on me prendre pour cible quand je mets tant de soin à ne point me cacher ! Quand je suis tellement vulnérable !… »

Les villes de chez moi étaient, la nuit, couleur de cendre. Je m’y étais déshabitué de toute lueur, et cette capitale rayonnante me causait un vague malaise. Si le faubourg alentour est sombre, les diamants d’une vitrine trop éclairée attirent les rôdeurs. On les sent qui circulent. Contre Lisbonne je sentais peser la nuit d’Europe habitée par des groupes errants de bombardiers, comme s’ils eussent de loin flairé ce trésor.

Mais le Portugal ignorait l’appétit du monstre. Il refusait de croire aux mauvais signes. Le Portugal parlait sur l’art avec une confiance désespérée.


Book translation status:

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Portuguese
Already translated. Translated by Pedro Álvares Campos

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